A L I G O T
Je ne sais pas si je vous ai déjà parlé de notre "amour" pour l'Aveyron. Des paysages sublimes, des produits locaux et une gastronomie qui satisfont pleinement la curiosité et la gourmandise de nos papilles, des "autochtones" particulièrement sympathiques. C'est de cette façon que nous aimons voyager en France et je dois avouer que nous avons toujours trouvé tout ça dans les différentes régions visitées (un petit bémol cependant pour le pays basque en ce qui concerne l'accueil dont je parlerai peut-être un jour !).
Mais j'avoue que l'Aveyron arrive en tête de liste juste après l'Auvergne et les Cévennes. Mais il est juste entre les deux, non ?
Pour un séjour je vous recommande les chambres d'hôtes de Christiane et André au Domaine de la Rousselie à St Géniez d'Olt et chez Mr et Mme Marty à Galgan.
Lors de nos différents séjours nous avons testé beaucoup de spécialités locales et l'Aligot est certainement la plus connue. J'avais l'habitude de faire la truffade qui s'en raprroche un peu par les ingrédients mais pas par la préparation. Donc disais-je la truffade est une spécialité de ma cuisine ......évidemment je suis auvergnate par alliance !!
Mais je n'avais jamais osé me lancer dans l'aligot. Cette purée qui file, file et qui vous oblige presque à monter sur une chaise pour suivre le fil quand le plat est réussi ! Mais j'ai eu la chance de pouvoir regarder une excellente cuisinière du pays nous en fabriquer un et du coup je me suis sentie "autorisée" à tenter l'expérience.
Pour une première fois c'est pas mal, non ??
Allez on fait un concours.......à celle qui fera le "fil" le plus long ?
Pour 4 personnes
Ingrédients :
1 kg de pommes de terre
100g de beurre
250g de crème fraîche
400g de tome fraîche de l'Aubrac (ou d'ailleurs mais fraîche c'est indispensable !)
Sel & poivre
Ail (facultatif) ........mais selon moi sans ail c'est moins bon !!!
Préparation :
Préparer une purée avec les pommes de terre.
Ajouter à cette purée encore chaude le beurre et la crème. Bien mélanger. Assaisonner avec le sel et le poivre, ajouter l'ail finement pilé.
Réchauffer la purée à feu moyen et ajouter la tome fraîche coupée en lamelles et remuer fortement avec une spatule en bois.
Quand le mélange est filant l'Aligot est cuit et prêt à être servi.
Attention : Tenu trop longtemps sur le feu le fil se casse !!
Pour la petite histoire :
- La présence de l'ail dans l'aligot est un sujet de polémique chez ses adeptes. Certains préfèrent ajouter une gousse d'ail dans l'eau de cuisson des pommes de terre pour les parfumer légèrement.
L'écrivain régionaliste, Robert Sabatier, Co-Fondateur de la Confrérie de l'Aligot à Paris, estime quand à lui que l'ail doit "mijoter" avec la tome.........et je partage totalement son avis ;o))
- Vin conseillé : un vin rouge de Marcillac
- C'est depuis le Moyen-Age que l'aligot file ! Lorsque les pélerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle traversaient l'Aubrac, ils s'arrêtaient à la Dômerie. Les moines leur servaient un plat à base de pain et de fromage qui les réconfortait (l'aliquid), et qui devint au fil de l'évolution du langage : Aliquot puis Aligot. Au XIXe siècle la pomme de terre a remplacé le pain.
- La recette que je vous ai proposée a été mise au point par la Coopérative Laitière "Jeune Montagne" et publiée dans le livre "Connaitre la cuisine Aveyronnaise"
Quelques balades que nous aimons en Aveyron et dans les environs
Maintenant pour digérer ce superbe et délicieux plat quoi de mieux qu'une promenade sur le plateau d'Aubrac et plus particulièrement dans la Domerie.
Aubrac est un village de la commune de Saint-Chély-d'Aubrac dans le département de l'Aveyron, situé au sud de la partie centrale du Massif Central, sur le haut-plateau d'Aubrac. Ce village doit son existence à la création au XIIe siècle d'un hôpital monastique, la domerie d'Aubrac, duquel il a hérité son nom.
A l'entrée du village nous avons tout d'abord fait une longue halte auprès de ce monument dédié aux buronniers
Cliquez sur l'image pour pouvoir lire toutes les explications !
S'il est fait mention dès 1694 d'une auberge à proximité de la dômerie, les premières habitations ne sont construites autour du monastère à l'abandon qu'au cours du XIXe siècle, plusieurs décennies sans doute après le départ des religieux pendant la révolution française, par réemploi des matériaux des anciens édifices. Situé au cœur d'une zone d'estive de bovins laitiers transhumants voués à la fabrication du fromage de Laguiole, le village se développe en relation avec cette activité alors en plein essor, et devient dans la dernière partie du XIXe siècle un des centres de négoce fromager du plateau.
DOMERIE : Religion - Définiton :
Ancien titre ecclésiastique dont le possesseur porte le nom de dom.
L’action des moines d’Aubrac
Destinée à la création de pâturages pour les troupeaux ovins transitant le long des deux grandes drailles qui se rejoignaient sur l'Aubrac, la déforestation se développe le long de la voie Bolène, dite via Agrippa, qui reliait Lyon à Bordeaux. Au VIIe siècle et durant tout le Moyen Âge, les déboisements se poursuivent.
La création de la Domerie d'Aubrac, au XIIe siècle et son rayonnement religieux, politique et économique, accélèreront le processus de transformation de ces landes en riches pâturages.
En 1298, ce ne sont pas moins de 3 000 ovins de la seule Domerie qui sont confiés à quatre bergers de montagne.
Les moines louent également leurs pâturages (les «montagnes») à des seigneuries lointaines et développent la culture du seigle sur le pourtour du plateau. Un rayonnement qui portera bien au-delà des limites de l'Aubrac et du Rouergue, à l'apogée de la Domerie.
La Domerie d'Aubrac, ancien monastère hospitalier accueillant les pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, s'est développée du XIIe au XVIe siècle.
Fondée entre 1108 et 1125 par l'abbaye de Conques à l'initiative d'Adalard, grand personnage flamand, elle échappe rapidement au contrôle du monastère rouergat et devient au cours des siècles suivants un acteur politique et économique de premier plan dans la région. Outre sa fonction d'accueil des malades et des indigents, l'hôpital est une étape importante sur la via Podiensis, un des chemins de Compostelle. Les religieux sont dépossédés de leurs biens en 1791, au cours de la Révolution française. Le monastère est abandonné et la plupart de ses bâtiments disparaissent pendant les décennies qui suivent.
Patrimoine
Il ne subsiste aujourd'hui que trois des nombreux bâtiments qui composaient l'ancienne domerie jusqu'à la révolution française : L'église Notre-Dame-des-Pauvres, dont la construction date de la fin du xiie siècle et dont l'actuel clocher a été érigé au début de la seconde moitié du xve siècle, la tour dite « des Anglais », bâtie au XIVe siècle, pendant la guerre de Cent Ans, ainsi qu'une partie des bâtiments de l'ancien hôpital, issus d'une reconstruction datant de la seconde moitié du xve siècle. Ces vestiges ont connu des restaurations et quelques remaniements au cours desXIXe et XXe siècles, plus particulièrement l'église.
L'église Notre-Dame-des-Pauvres
On retrouve, dans ce bâtiment, des traces importantes de ce que fut l'ancien hospice d'accueil (1198), transformé en église entre 1332 et 1356. Au fond de la nef, une fontaine devait servir au symbolique lavage des pieds des pèlerins. L'architecture romane, très dépouillée, est en totale harmonie avec la sobriété des lieux.
Elle comporte une voûte en berceau brisé aux pierres taillées, parfaitement jointées, soutenue par des arcs simples, faiblement ogivés , pas de transept, un chœur fermé par un mur au lieu d'être prolongé par une abside.
C'est le seul ouvrage hospitalier du XIIe siècle qui nous soit parvenu dans un tel état de conservation.
Le cathéchisme en "bandes dessinées" !
Attention en choisisant votre chaise : de charmantes locataires de l'église risquent de "s'oublier" sur votre tête !
Le clocher, rajouté au XVe siècle, comporte la trace d'une ogive de raccordement de l'ancien cloître à deux étages. Il abrite la célèbre
«cloche des perdus » [campana dels perduts] et une curiosité : le logement du sonneur avec un four à pain intérieur.
La cloche dite « des perdus » ou « des égarés », abritée dans le clocher de l’église, servait pendant la période de fonctionnement de l'hôpital à guider les pèlerins ou voyageurs traversant le plateau par mauvais temps. Cette cloche fut brisée et fondue à plusieurs reprises, puis a été installée vers 1798 dans l'église de Saint-Chély-d’Aubrac, avant de retrouver sa place.
Les chemins de Compostelle ont été classés au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco en 1998. Le tronçon passant par le village d'Aubrac a pour sa part été classé « bien naturel » par l'Unesco pour sa diversité faunistique et floristique. Ce tronçon bénéficie parallèlement du classement « Itinéraire culturel européen » attribué aux chemins de Compostelle par le Conseil de l’Europe en 1987.
Au titre du patrimoine naturel, le village d'Aubrac et ses environs font partie de la zone Natura 2000 « plateau central de l'Aubrac aveyronnais », créée en 2006. Les pelouses pastorales et les tourbières d'altitude situées immédiatement en contrebas du village, sont classées Espace naturel sensible par le Conseil général de l'Aveyron, sous la dénomination « Grande prairie d'Aubrac.
Je vous conseille vivement le voyage dans ces immenses étendues de verdure .........c'est tout simplement fabuleux !
Michèle